Samuel Allouche
Baigné depuis toujours dans les récits de l’échec, j’ai appris à chérir ces derniers et à me réfugier dans ce que le monde rejette. Les tentatives plastiques avortées, les brouillons, les ratures trouvent dans ma palette plastique un sens primordial et dans mon coeur une affection toute particulière.
Ancien sportif éconduit parce que pas assez bon, militant politique combattant nombre de gouvernements inflexibles, je crois que ces narrations m’attirent et qu’elles se sont mues chez moi en médium que je tente d’exploiter du mieux que je peux. Les matériaux et les techniques sont chez moi une source fondamentale d’inspiration et dans l’essentiel de mon travail le commencement de mes projets. Ayant débuté mon cursus des Beaux Arts en 3ème année, je me suis privé de tout enseignement basique des techniques artistiques. C’est pour cela que plutôt que de mal faire, j’esquive, quelque part dans la fraude, les questions matérielles en inventant mes propres techniques. Souvent empruntées au monde du bricolage ou de l’artisanat amateur, les petites choses pour réparer, les techniques d’ornement approximatives deviennent chez moi le coeur de la mise en œuvre narrative que je défends dans chacun de mes projets.
On y retrouve l’emploi du bismuth, du mastic et la Maïzena ou encore de la cire à cacheter. On y retrouve l’emploi des dessins sans ombre au style Pictionary qui ne se comprennent que dans le sens des flèches qu’ils laissent paraitre. Et puis celui du corps, le mien, reproduisant les techniques qui ont attrait à la performance en les détournant de leur but fondamental, la performance.
J’admets dans mon travail une part sensible au spectacle presque à la mise en scène, comme si je devais au spectateur d’être ou de devoir être conquis plastiquement et techniquement par ce que je lui propose.
